Vous avez probablement déjà rencontré un projet d’agriculture urbaine dans votre quartier. Mais qu’est-ce que cela signifie exactement ? Et comment ces méthodes peuvent-elles compléter l’agriculture traditionnelle tout en relevant les défis sociaux et environnementaux ? Dans cet article, nous explorons le concept d’agriculture urbaine.
L’histoire de l’agriculture en ville
Une solution aux problèmes alimentaires
L’agriculture urbaine a des origines anciennes, avec les Sumériens qui la pratiquaient déjà il y a plus de 3 000 ans. Mais sa forme actuelle a commencé au 19ème siècle. À Paris, par exemple, un vaste espace appelé « Plaine des Vertus » s’étendait d’Aubervilliers à La Courneuve et accueillait la plus grande zone maraîchère de France. Des tonnes de légumes comme les poireaux, navets et choux y étaient cultivés pour être vendus dans les halles de Paris. Cependant, cette époque a pris fin avec l’industrialisation et l’avènement du chemin de fer. L’importante zone de culture a été progressivement réduite, jusqu’à disparaître complètement dans les années 60 avec la création du Marché d’intérêt national de Rungis.
Cela n’a pas pour autant signé la fin de l’agriculture urbaine. D’autres formes ont vu le jour, comme les jardins ouvriers, initiés en 1896 par Jules-Auguste Lemire. Ces parcelles de jardinage allouées par les municipalités avaient pour but d’améliorer les conditions de vie des travailleurs. Après la deuxième guerre mondiale, elles ont été renommées « jardins familiaux » et ouvertes à toutes les catégories de la population. Ces espaces sont devenus plus que de simples lieux de culture des aliments, se transformant en lieux de rencontres, d’échanges et de loisirs.
L’essor de l’agriculture urbaine aux États-Unis
Outre-Atlantique, l’agriculture urbaine a pris un essor significatif dans les années 70, à la suite de la crise économique. De vastes espaces urbains abandonnés ont été utilisés pour cultiver des aliments. L’artiste Liz Christy a notamment dirigé l’aménagement de ces espaces dans les quartiers les plus démunis de New York, les transformant en lieux de culture maraîchère et de débats communautaires.
Cet élan a rapidement atteint l’Europe, avec l’émergence du mouvement « green guerilla » qui visait à verdir les zones urbaines, quitte à enfreindre la loi. C’est ainsi que l’agriculture urbaine militante est née.
La diversité des méthodes de production en agriculture urbaine
Tous sommes-nous des cultivateurs urbains ?
Aujourd’hui, la culture de plantes et l’élevage en milieu urbain prennent plusieurs formes, des potagers sur les toits aux fermes verticales, en passant par les jardins communautaires. Selon Guillaume Morel-Chevillet, expert en urbanisme paysager et auteur du livre « Agriculteurs urbains », il existe principalement trois formes d’agriculture urbaine :
- L’agriculture amateur, avec des micro-projets agricoles sur les balcons, les terrasses et les jardins urbains ;
- L’agriculture collective, avec des projets à but non lucratif (jardins résidentiels, jardins partagés, jardins communautaires) qui ont leur propre système de gestion ;
- L’agriculture professionnelle, avec des systèmes plus élaborés (micro-fermes, serres sur les toits, fermes éducatives, éco-pâturages) destinés au service ou à la vente.
L’agriculture urbaine est-elle toujours hors sol ?
Les méthodes de culture varient beaucoup en fonction du lieu de production. Si l’agriculture urbaine comprend la culture en pleine terre, il existe aussi plusieurs autres formes qui n’utilisent pas de terre. On peut citer l’hydroponie (culture sur un substrat neutre avec une irrigation en eau et des solutions nutritives), l’hydroculture (basée sur un substrat d’eau enrichi d’engrais), l’aquaponie (un système combinant la culture hydroponique et l’élevage de poissons) et l’aéroponie (basée sur un apport d’air et d’eau)…
Ces systèmes ont l’avantage de moins consommer de produits chimiques tout en économisant des ressources précieuses. Chez URBAN CUISINE, par exemple, nous avons choisi l’hydroponie pour vous offrir un potager d’intérieur qui produit des récoltes toute l’année !
Les bienfaits de l’agriculture urbaine pour l’environnement
Une alternative à l’agriculture traditionnelle
Depuis des années, l’agriculture intensive dégrade les sols et produit des fruits et légumes pauvres en nutriments, sélectionnés non pas pour leurs qualités nutritionnelles, mais pour leur durée de conservation. Cette approche a pour conséquence la production d’aliments moins nutritifs et la nécessité de transport et d’intermédiaires.
L’agriculture en milieu urbain, bien qu’elle ne puisse pas subvenir à tous les besoins alimentaires des citadins, offre une alternative à l’agriculture conventionnelle. Elle produit des fruits et légumes de différentes variétés et de manière biologique, avec une utilisation limitée d’engrais et d’herbicides. En outre, ces produits sont cultivés localement, ce qui signifie qu’ils sont vendus sur le marché local, directement chez le producteur ou même cueillis à domicile. Cela élimine la consommation de carbone liée au transport et l’énergie nécessaire pour le stockage.
L’intégration de la nature dans nos villes
Cultiver en milieu urbain implique également la valorisation d’espaces inutilisés, en y créant un milieu propice à la biodiversité. Que ce soit dans des zones délaissées ou sur des toits, ces « ceintures vertes » jouent un rôle important en proposant notamment des solutions pour recycler les déchets organiques, grâce à des techniques comme le compostage ou la méthanisation, ou pour traiter les eaux usées.
Les serres sur les toits contribuent à améliorer le confort thermique des maisons et à diminuer les îlots de chaleur dans les villes, qui sont susceptibles de s’aggraver dans les années à venir. L’agriculture urbaine, en particulier en intérieur, offre aussi de grandes possibilités de réaliser des économies d’eau. Par exemple, un système hydroponique, comme le potager Liv, permet d’économiser environ 90 % de l’eau nécessaire à une culture traditionnelle en pleine terre.
Quels sont les enjeux de l’agriculture urbaine pour la population ?
L’agriculture urbaine peut-elle nous nourrir ?
L’agriculture urbaine, en pleine expansion, répond à un défi majeur : nourrir les habitants des villes. Est-ce réaliste ? Selon l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), l’agriculture urbaine et périurbaine est une stratégie clé pour renforcer la résilience de l’approvisionnement alimentaire des villes.
« L’agriculture urbaine et périurbaine représente une stratégie fondamentale pour renforcer la résilience de l’approvisionnement alimentaire des villes. »
En théorie, cette nouvelle forme d’agriculture pourrait produire jusqu’à 15 fois plus que les exploitations rurales. Cependant, en pratique, elle ne permet pas à elle seule l’autosuffisance alimentaire des villes. Les raisons en sont diverses : les espaces disponibles sont restreints, tous les toits ne sont pas adaptés à la culture, l’accès à l’eau est limité. Néanmoins, elle offre une excellente option pour s’approvisionner en légumes et petits fruits par des méthodes durables et respectueuses de l’environnement.
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L’agriculture urbaine : un lien social
L’agriculture urbaine n’est pas seulement une question de production alimentaire. Elle est aussi un outil privilégié pour favoriser l’insertion et améliorer la vie en communauté. Les jardins communautaires, par exemple, créent des liens entre les voisins, les différentes classes sociales et les générations. Ils créent également des emplois et des possibilités d’insertion professionnelle. Notre potager d’intérieur offre une nouvelle expérience de jardinage à partager en famille. L’agriculture urbaine contribue aussi à renforcer le lien entre la ville et la campagne, à un moment où le désir de se reconnecter à la nature semble omniprésent.
Lors d’une interview pour Le Monde, la spécialiste de l’agriculture urbaine Christine Aubry, chercheuse à l’INRA-AgroParisTech, expliquait que l’agriculture urbaine permet de renouer un lien pédagogique entre les citadins et la nature.
« Pour nous, vivant en ville, et ayant parfois trois ou quatre générations d’écart avec l’agriculture, (re)apprendre comment se passe un cycle de culture, comment vit une poule, une abeille, comment pâture un mouton, est une fonction importante pour nous reconnecter à la nature et à la production alimentaire. »
En conclusion…
L’agriculture urbaine, qui prend des formes multiples et est en constante évolution, se répand aujourd’hui dans de nombreuses métropoles. Des villes telles que Paris, Lyon, Bordeaux, Marseille, Rennes, Lille ou Nantes investissent massivement dans des terres agricoles et des exploitations urbaines. Elles s’efforcent de préserver ces nouvelles formes de production agricole et de faire en sorte qu’elles profitent à leurs habitants.
Alors l’agriculture urbaine est-elle l’avenir de l’agriculture ? Même si elle ne résoudra pas la crise alimentaire mondiale, elle joue un rôle crucial pour assurer un approvisionnement en produits frais et offrir une sécurité alimentaire en cas de crise ou de pénurie. Elle fait partie d’une gamme de solutions pour la planète et pour les humains, en complément de l’agriculture traditionnelle.