Il est reconnu que la sauvegarde de nos océans est cruciale, cependant, beaucoup ignorent que notre régime alimentaire est un levier d’action dans cette protection. Quelle est l’influence de notre consommation alimentaire sur les écosystèmes marins ? Comment agir au quotidien ? Nous nous sommes tournés vers Malaury Morin, co-fondatrice de l’association Blutopia, qui encourage les citoyens à préserver l’océan à travers leur alimentation, pour répondre à ces questions.
Parlons de votre film « De l’assiette à l’océan ». Quelle était votre intention en réalisant ce documentaire ?
Suite à une première campagne centrée sur le thème de la pollution plastique, nous avons voulu approfondir la question de l’alimentation et son nexus avec la protection océanique. Souvent, la discussion se limite à la pêche et à la consommation de poissons, mais d’autres facteurs inattendus occupent un rôle non négligeable. C’est ce que nous avons cherché à mettre en avant à travers ce film et la campagne liée.
Pouvez-vous nous éclairer sur le rapport entre l’élevage intensif et la protection des océans ?
Le lien principal entre l’élevage et la pollution marine provient des émissions de gaz à effet de serre (GES). La consommation de viande en France représente environ 80 kg par personne et par an. Cet appétit a de graves conséquences écologiques. En effet, les produits d’origine animale, principalement la viande rouge, sont à l’origine de 14 % des GES. Les bovins produisent spécifiquement du méthane en grandes quantités. Or, l’océan, qui agit comme un puits de carbone, absorbe 30 % des GES émis sur terre. Lorsque le dioxyde de carbone entre en contact avec l’eau, cela provoque des réactions chimiques qui acidifient le PH de l’océan. Ces changements, bien que lents, perturbent une multitude d’organismes marins ayant un squelette calcaire, comme les moules, les huîtres et les coraux, qui représentent 25 % de la biodiversité marine.
Quel est le rôle des pesticides ?
Les pesticides nuisent gravement à la biodiversité de nos sols et s’infiltrent également dans les nappes phréatiques. En suivant le cycle de l’eau, ils finissent par aboutir dans l’océan, qui est le réceptacle final de toutes les pollutions. On retrouve même des résidus de produits agrochimiques interdits depuis plusieurs décennies dans les fosses profondes comme la fosse Marianne. C’est pourquoi il est crucial de réduire l’utilisation des pesticides, même lorsque ceux-ci sont employés loin de l’océan.
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Comment le transport de nos aliments contribue-t-il à la pollution océanique ?
Le transport maritime est responsable de 90 % du transport de biens et de marchandises. Les GES émis par les navires, à l’instar de ceux de l’élevage, contribuent à l’augmentation de la température moyenne à la surface de la planète . Trop de chaleur perturbe certaines espèces. Prenez par exemple les tortues vertes chez qui le sexe est défini par la température de l’habitat : si cette dernière est trop élevée, ces tortues naissent majoritairement femelles. Les GES engendrent également des problèmes de désoxygénation de l’eau, qui créent des zones mortes dans l’océan.
Existe-t-il d’autres problèmes moins visibles ?
Outre ceux liés aux GES, le transport maritime pose d’autres défis moins visibles. Par exemple, la pollution sonore, causée par les navires en constant déplacement, produit un brouhaha acoustique qui perturbe les mammifères marins dans leur quête de nourriture et leur protection prédatrice. Ce constat explique aussi les collisions avec des mammifères marins comme les baleines. Le transport d’espèces envahissantes est un autre problème. Les coquilles des navires ou les eaux de lestage transportent des espèces loin de leur habitat naturel, déstabilisant ainsi l’équilibre de l’océan.
Peut-on encore consommer du poisson ?
Tout comme pour la viande, il est recommandé de diminuer sa consommation de poisson. La consommation mondiale de poisson représente en moyenne 20 kg par an et par personne, alors qu’en France ce chiffre est de 35 kg. Didier Gascuel, professeur en écologie marine, préconise de se limiter à 7 kg par an pour préserver la biodiversité marine. L’idée est de traiter le poisson comme un produit d’exception, afin de lui redonner sa valeur. Privilégier la pêche à la ligne ou à la nasse et choisir les poissons en fonction de leur taille et leur saisonnalité est pareillement conseillé. Les gros poissons sont à favoriser du fait de leur maturité sexuelle et leur capacité à se reproduire.
Quels sont les efforts que nous pouvons faire collectivement ?
L’objectif de Blutopia est de promouvoir le concept de consommation végétale, tout en privilégiant les produits bio, sans intrants chimiques, locaux et de saison. Il serait intéressant que les cantines proposent une option végétalienne tous les jours . Il est également important de réduire le recours à la pêche industrielle et à l’agriculture conventionnelle. En ce qui concerne le transport maritime, un encadrement législatif relatif à la vitesse des navires permettrait de limiter les GES, la pollution sonore et les collisions.
Comment adapter notre régime alimentaire à l’échelle individuelle ?
Julien, co-fondateur de Blutopia, et moi-même avons opté pour un régime végétalien. En retirant certains aliments de nos plats, nous avons découvert une multitude d’autres options. Par exemple, nous consommons des algues qui sont riches en nutriments et en protéines et qui ont une saveur semblable à celle du poisson . Nous n’avons pas forcément besoin d’un apport en protéines animales . Les végétaux, comme les légumineuses, offrent ce qui est nécessaire pour notre organisme.
Comment prendre en compte l’empreinte écologique lorsqu’on choisit nos aliments ?
Il est essentiel de ne pas se focaliser uniquement sur la question du transport ; la question de la production est tout aussi cruciale. Quelles sont les méthodes de production du produit ? A-t-il exigé l’utilisation de produits chimiques ? A-t-il entraîné la déforestation ? Néanmoins, l’alimentation locale reste une excellente option, en ce qu’elle nous permet de nous réapproprier ce que nous mangeons et de créer un lien avec ceux qui nous nourrissent.
Comment commencer à modifier son régime alimentaire ?
Mon conseil est de départir de sa recette favorite et de la réinventer comme un plat 100 % végétal. Se substituer à certains aliments peut donner un autre goût, mais cela reste délicieux ! Des comptes Instagram sur le sujet proposent des recettes végétales simples à réaliser. C’est le cas de @fitgreenmmind et de @addictedtohumus. Prenez votre temps pour vous renseigner, prendre conscience de l’importance des enjeux et faire des choix pertinents. Adaptez progressivement votre alimentation sans vous mettre la pression.
Vous pouvez retrouver de plus amples informations sur les actions pour la protection des océans sur le site de Blutopia.
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